De nombreuses personnes se sont impliqués dans le projet d'un nouveau bâtiment pour le MIFO dans les dix dernières années. Crédit image: Rachel Crustin

OTTAWA – La construction d’un nouveau centre communautaire au Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) ira de l’avant grâce à un appui financier de 36 millions de dollars du gouvernement fédéral. La construction devrait débuter l’an prochain pour une ouverture prévue à l’automne 2027.

Le ministre des Langues officielles Randy Boissonnault et la députée d’Orléans Marie-France Lalonde ont annoncé ce jeudi ce financement provenant d’enveloppes d’Infrastructure Canada (25 millions de dollars), de Langues officielles Canada (10 millions de dollars) et de Patrimoine canadien (1 million de dollars) sur trois ans.

« Le mot heureuse est tout petit aujourd’hui, par rapport à comment je me sens dans mon cœur. C’est vraiment une annonce importante pour nous tous ici, pour notre communauté d’Orléans mais aussi pour la ville d’Ottawa et la région de la capitale nationale », a déclaré d’entrée de jeu Marie-France Lalonde en conférence de presse. Celle qui a été élue en 2019 a raconté qu’elle avait fait du MIFO son projet personnel, au point où ses collègues la surnommaient « MIFO ».

Le ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault, a ensuite procédé à l’annonce de l’investissement de 36 millions de dollars, sous un tonnerre d’applaudissements. Il a longuement témoigné de l’importance de centres communautaires en français, se décrivant lui-même comme un « rattrapé francophone » de l’Alberta.

Randy Boissonault a raconté qu’il avait du mal à prononcer trois phrases de suite en français lorsqu’il s’est inscrit au Campus Saint-Jean à Edmonton. Crédit image : Rachel Crustin

Les élus fédéraux ont salué la ténacité et le courage des gens qui se sont impliqués dans la cause du MIFO dans les dernières années. Plusieurs d’entre eux étaient présents, dont Don Boudria, ex-député et ministre de la Francophonie sous Jean Chrétien, qui était présent à la première pelletée de terre du bâtiment actuel, et Trèva Cousineau, militante francophone qui relançait sans relâche les députés en lien avec ce projet.

Carboneutre et inclusif

Le futur édifice a été pensé en fonction de « l’accessibilité et l’inclusivité et de la polyvalence des espaces. À usage multigénérationel, l’édifice sera carboneutre et servira de refuge en cas de sinistre », a décrit le président du conseil d’administration, Jean-François Born.

Près de quatre fois plus grand que le bâtiment actuel, il comptera « une salle de réception ou de spectacles de 300 places, avec des gradins rétractables, des salles polyvalentes, un gymnase avec une piste de course en mezzanine, une galerie d’art et un foyer accueillant et lumineux ».

« Le nerf de la guerre, c’est le travail que vous avez fait pour rendre l’édifice carboneutre. C’est ce qui a déclenché 25 millions de dollars du Fonds d’Infrastructure Canada pour le programme Bâtiments inclusifs et verts », a indiqué Randy Boissonault. Patrimoine canadien et son propre ministère ont ensuite emboîté le pas. « C’est inhabituel, mais je crois en ce projet, alors j’ai utilisé plus de 10 % de mes fonds en infrastructure pour que ce projet voie le jour. »

Sources de financement multiples

Le MIFO, qui financera 2,5 millions de dollars à son projet, cherchait des sources de financement pour un nouveau bâtiment, l’actuel comportant des problèmes structurels, notamment au niveau de la fondation et de la toiture, explique l’organisme.

Au micro d’ONFR, la consultante en appui au projet et ancienne directrice générale de l’organisme, Marie-Claude Doucet, a témoigné de la fébrilité et d’un « sentiment de fierté ». Ce 2,5 millions de dollars est « petit comparé aux 36 millions annoncés ce matin, mais c’est quand même un 2,5 millions d’un organisme communautaire à but non lucratif, avec la pandémie et tout ça. C’est pour ça qu’on est excité, parce que là, avec le financement annoncé ce matin, on sait que notre projet va voir le jour. »

Elle précise que les prochaines étapes permettront de voir si le plan A peut être réalisé en entier ou s’il y aura des ajustements à faire.

Le MIFO voit grand pour son futur bâtiment. L’annonce de ce matin confirme que 70% du financement requis a été atteint. Source : MIFO

« Le MIFO est un pilier essentiel pour notre communauté. Il occupe une place de taille dans l’espace francophone et l’on doit investir pour le faire grandir, a déclaré Jean-François Born. Nous sommes convaincus que les autres joueurs importants confirmeront leur engagement dans les prochains mois et nous les remercions pour la considération qu’ils accordent déjà au projet. »

Présent dans la salle, le député libéral provincial d’Orléans Stephen Blais a promis de continuer à porter le message du MIFO auprès du gouvernement ontarien.

De nombreuses personnes se sont impliquées dans le projet depuis une dizaine d’années. Plusieurs d’entre elles étaient présentes à la conférence de presse. Crédit image : Rachel Crustin

Marie-Claude Doucet a indiqué à ONFR espérer 10 à 15 millions du provincial et un million supplémentaire du municipal, qui a déjà accordé un million cinquante mille dollars au projet. « Des fois, ça prend juste un joueur important qui investit et qui démontre que le projet vaut la peine d’être soutenu, et le reste débloque. »

Deux ans sans édifice

C’est avec un pincement au cœur que les membres de la communauté diront au revoir au bâtiment qui leur a servi pendant plus de 40 ans. Marie-Claude Doucet explique que des éléments seront intégrés dans le nouveau bâtiment afin de commémorer cette époque. Mais les premières idées d’agrandissement, pour mieux répondre aux besoins de la population, sont survenues dans les années 1990.

« Pour que les rêves se réalisent, des fois ça prend du temps, ça prend de l’organisation et ça prend du bon monde »
— Jean-François Born

La démolition devrait avoir lieu au printemps 2025. La programmation du MIFO se fera donc dans différentes salles d’Orléans jusqu’à l’ouverture du nouveau centre. « Il va y avoir une période de transition, indique Jean-François Born. Il faut patienter et penser à l’objectif : 2027. Aujourd’hui, on a finalement quelque chose de concret. »

Le MIFO compte ensuite continuer de collaborer avec les autres organismes du secteur, dont le Centre des arts Shenkman, qui accueille la plupart des spectacles de la programmation. « Ce qu’on va offrir, c’est un lieu qui va être complémentaire au Centre des arts Shenkman. C’est pour ça que notre salle est de 300 places. Elle ne vient pas remplacer leur salle de 500 places. On est très fier de ce partenariat. »

Nouvelle directrice générale

Le MIFO a profité de la conférence de presse pour annoncer la nomination de Mélanie Routhier Boudreau au poste de directrice générale. Elle entrera en fonction le 3 juin prochain.

Mélanie Routhier Boudreau nommée au poste de directrice générale. Crédit image : Rachel Crustin

« Je réitère la fierté et le bonheur que nous ressentons avec l’annonce d’aujourd’hui. Ce financement permettra la concrétisation de notre merveilleux projet, symbole de la vision, de l’audace, de la persévérance et de l’essor de notre communauté et de notre francophonie », a conclu M. Born.